1922-1924
Après le départ des Royaux de la ligue Internationale après la saison 1917, il y a un vide dans le milieu du baseball québécois. Après quelques années de baseball local, et quelques tentatives infructueuses, le promoteur montréalais Joe Page lance la ligue de l’Est du Canada pour la saison 1922, affiliée au baseball organisé, de Classe B. Le circuit compte quatre équipes : Montréal, Ottawa, Trois-Rivières et Valleyfield.
Ayant eu l’accréditation assez tardivement, les équipes pigent en partie dans les équipes locales. C’est ainsi que la nouvelle édition des Royaux de Montréal embauche Charlie Culver, un des meilleurs joueurs locaux. Seul hic, Culver est un Afro-Américain arrivé à Montréal en 1920 avec les Havana Red Sox. Il joue bien, mais son séjour ne dure que 6 matchs. Une entente déjà signée avec le club semi-pro de St-Hyacinthe est possiblement la raison, bien qu’on puisse penser que la présence de Culver ait été dénoncée, alors que nous sommes 24 ans avant les débuts de Jackie Robinson à Montréal.
Page, qui est aussi dépisteur pour les White Sox de Chicago, fait jouer ses contacts pour attirer à Montréal les Braves de Boston, puis les Pirates de Pittsburgh. Pour l’anecdote, le match des Pirates est annulé par la pluie, et les rumeurs de partys bien arrosés circulent alors que les Pirates perdent une série de matchs après leur visite, le gérant George Gibson y perdant son poste. Les efforts de Page pour légitimiser la ligue ont plus ou moins de succès, les ligues locales la dénigrant après avoir perdu ses meilleurs éléments, le Droit d’Ottawa la couvrant peu et l’appelant une ligue semi-pro, et les champions de la saison inaugurale, Trois-Rivières, perdant après la saison une série contre le club semi-pro de Sherbrooke.
Sans grande surprise, le choix de Valleyfield n’est pas gagnant. Après moins d’un mois, on dispute des matchs locaux à Montréal, puis en juillet, le club est vendu à la St-Maurice Paper Company, qui déménage l’équipe au Cap-de-la-Madeleine. L’équipe sera rachetée et déménagée à Québec pour la saison 1923. Pour cette saison, la ville d’Ottawa décide de donner le monopole du Parc Lansdowne aux ligues amateures, chassant l’équipe de la ligue de l’Est du Canada. Joe Page rêvant d’une vaste ligue d’un bout à l’autre du Québec et de l’Ontario, la franchise reste officiellement à Ottawa, mais n’y dispute que 3 matchs, jouant les autres à Montréal. La franchise de Trois-Rivières connaît des difficultés et est rachetée par la ligue, avant d’être revendue quelques semaines plus tard à Arthur Bettez, un promoteur local. Les livres d’histoire ont retenu que la franchise a fini la saison à Montréal, ce qui n’est pas le cas. Bettez a affirmé avoir perdu beaucoup d’argent dans l’aventure, qu’il a toutefois transformée en une campagne gagnante pour la mairie de la ville. L’équipe ne fait rien de bon sur le terrain et ne reviendra pas en 1924.
Sur le terrain, la lutte se fait entre les deux clubs Montréalais. Les Canadiens (la franchise qui devait être à Ottawa) remportant la première demie, et les Royaux la deuxième. Comme la saison se termine début septembre et que les joueurs sont sous contrat pour tout le mois, on dispute une interminable série finale au meilleur des 15 matchs, les Royaux l’emportant 8 matchs à 7.
Pour 1924, on agrandit les cadres de la ligue, ajoutant des équipes à Montpelier et Rutland, au Vermont. Trois-Rivières est remplacé par le retour d’une équipe à Ottawa (et disputant des matchs du dimanche à Hull), menée par l’ancien des majeures Jean Dubuc. Encore une fois, on triche un peu les autorités du baseball organisé en indiquant que les Canadiens sont basés à Outremont, mais ils partagent le parc Atwater et le terrain du Shamrock avec les Royaux. Pour l’occasion, on rebaptise la ligue Québec-Ontario-Vermont.
Sans surprise, la ligue qui déjà accumulait les pertes voit sa situation s’empirer avec les coûts de voyage qui augmentent. La ligue n’attire pas les foules au Vermont. Montpelier dispute des matchs à St. Albans, et Rutland, même avec une excellente équipe, dit perdre 200$ par jour et abandonne le 10 juillet. Montpelier suit quelques jours plus tard. Québec remporte le championnat de la première demie, un demi-match devant Rutland, avant de survoler la deuxième moitié.
On parle de continuer en 1925, mais Ottawa n’est plus intéressé. Joe Page et Léo Dandurand, propriétaire du Canadien de Montréal de la LNH mais aussi de la franchise du même nom dans la ligue de baseball, tournent leur attention vers le retour d’une franchise de la ligue Internationale à Montréal.
Au cours de ses trois années d’existence, la ligue a développé quelques bons talents qui vont avoir de belles carrières dans les majeures (Del Bissonette, Fred Frankhouse, Bill Hunnefield, etc.). Malheureusement, elle fut aussi le théâtre de plusieurs événements disgracieux : arbitres intimidés, bagarres, intervention des policiers, etc. Un de ces incidents est repris dans un texte de l’Associated Press qui fait le tour de l’Amérique du Nord. Après une engueulade remplie d’obscénités à Ottawa en 1924, l’Ottawa Citizen cesse complètement sa couverture de la ligue, contribuant à l’échec de la ligue dans la Capitale.
After the International League Royals left Montreal after the 1917 season, the Quebec baseball market is suddenly vacant. After a few years of local baseball, and a few unsuccessful attempts, Montreal promoter Joe Page launches in 1922 the Eastern Canada League, part of Organized baseball as a B league. The loop has four teams: Montreal, Ottawa, Trois-Rivières and Valleyfield.
Given the late accreditation, the league has little time to recruit players and looks first at local players. This is how the new edition of the Montreal Royals signs one of the local stars, Charlie Culver. There is a problem: Culver is an Afro-American who arrived in Montreal in 1920 with the Havana Red Sox, and Organized baseball has a color barrier. Culver plays well but his stay lasts only six games. An existing contract with the St. Hyacinthe semipro team is possibly the reason, but it’s not crazy to think that he was pushed out, as we’re still 24 years before Jackie Robinson’s stint in Montreal.
Page, also a Chicago White Sox scout, uses his contacts to attract to Montreal the Boston Braves and later the Pittsburgh Pirates. Amusingly, the Pirates game is rained out, and rumors of wild partys emerge as the Pirates go on a losing streak after their Montreal visit, with manager George Gibson eventually losing his job. Page’s efforts to legitimize the new league are more or less successful, as the local leagues badmouth them for stealing their players, Ottawa newspaper Le Droit constantly calls them “semipro” and the 1922 champions, Trois-Rivières, bows to semipro Sherbrooke after the season.
Without surprise, granting a franchise to Valleyfield backfires. After less than a month, some local games are moved to Montreal, and in late July the team is sold to the St. Maurice paper company, which moves it to Cap-de-la-Madeleine. The team would be sold again and moved to Quebec City for the 1923 season. For that same season, the City of Ottawa grants Lansdowne Park to amateur leagues, kicking the Eastern Canada League out of town. Since Joe Page is dreaming of a vast league covering all of Quebec and Ontario, the franchise officially stays in Ottawa, but all but three of its local games are played in Montreal. The Trois-Rivières franchise struggles and the league takes it over temporarily, before selling it to Arthur Bettez, a local promoter. Historical records have the franchise moving to Montreal, which never happened. Bettez kept the team in Trois-Rivières, but claims he lost large amounts of money. He had least managed to transform his adventure into a winning entry in the mayoral race. The team however struggles on the field and does not return for 1924.
On the field, the battle is among the two Montreal clubs. The Canadiens (the franchise that should have played in Ottawa) win the first half, and the Royals the second half. As the season finishes early, with players under contract for another month, a best-of-15 final series is organized, with the Royals prevailing 8 games to 7.
For 1924, expansion is in order, as teams in Montpelier and Rutland, both in Vermont, are added. Trois-Rivières is replaced by the return of a team in Ottawa (and playing its Sunday games in Hull), led by former major leaguer Jean Dubuc. Once again, a few misrepresentations appear in the Organized Baseball paperwork, as the Canadians are not based in Outremont, but share Atwater Park and the Shamrocks grounds with the Royals. For the occasion, the league is renamed the Quebec-Ontario-Vermont league.
To nobody’s surprise, the league that was already struggling financially sees its situation worsen with the additional traveling cost. It is not a success with the Vermont crowds. Montpelier plays a few games in St. Albans, and Rutland, even with a good team, is said to lose $200 per day, finally throwing the towel on July 10. Montpelier soon follows. Quebec City is crowned as first half champions, finishing half-a-game above Rutland, before running away with the second half.
There are talks to continue for 1925, but Ottawa is out. Joe Page and Leo Dandurand, owner of the NHL Canadiens and of the baseball team of the same name, turn their focus to bringing back the International league to Montreal.
In its three years of existence, the league developed some nice talents who would do well in the majors (Del Bissonette, Fred Frankhouse, Bill Hunnefield, etc.). Unfortunately many ugly incidents also took place in the league: intimidated umpires, fights, police interventions, etc. One of those incidents was featured in an Associated Press article published across the continent. After an obscenity-filled verbal spat late in 1924, the Ottawa Citizen simply stops covering the league, in what proved to be a near-fatal blow to the league’s chances in the federal capital.